Les villes au Moyen-âge

Les villes au Moyen-âge.

Au 11ème siècle c’est une révolution en Europe Occidental, notamment en Italie du Nord, en Flandre et sur les côtes de la mer Baltique.

Les raisons de cet essor sont complexes. On y trouve un essor démographique, qui a conduit à de très larges déboisements. Un essor agricole s’en suit et accompagne le premier. Il y a un essor commercial lié à l’ouverture des échanges en méditerranée, où le commerce est réactivé. Cet essor économique est décuplé par les croisades (dès 1095). Les échanges s’intensifient.

Il faut aussi considérer les transformations monétaires, avec la circulation de nouvelles monnaies d’or. En 1266 le Roi fait frapper une telle monnaie, ce qui n’avait pas eu lieu depuis longtemps. Il y a aussi le développement du crédit (crédit maritime et lettres de change).

Toute l’histoire économique de l’occident est bâtie sur ce phénomène. Ce changement entrainera des mutations institutionnelles, c’est le phénomène urbain, en tant qu’entité politique, en tant qu’autres seigneuries à fondamentaux commerciaux.

§ 1. Les conditions de l’émancipation urbaine.

La ville est un monde à part dans la seigneurie, et les bourgeois sont les acteurs de cette exception, ils ne supportent pas l’encadrement seigneurial, ils ne comprennent pas les banalités qu’ils jugent contraires à l’économie.

Les seigneurs observent d’un œil intrigué et ils auront du mal à comprendre ce phénomène.

A. l’attitude des bourgeois.

C’est le commerce et l’enrichissement qui les intéresse et ce qui y porte atteinte c’est l’insécurité. La première demande du bourgeois est donc la sécurité. La deuxième est la richesse.

a) Face à l’insécurité.

Il faut se remettre en mémoire la volonté des seigneurs à prélever des taxes. Les bourgeois vont s’unir dans des solidarités. Institutionnellement cela donne types de créations (sociales et jurées).

1- Solidarités professionnelles.

Les bourgeois qui exercent la même activité se rassemblent pour améliorer les prix, la qualité. Ils se rassemblent au sein de métiers qu’ils réglementent.

2- Solidarités confessionnelles.

Ces regroupement se font autour de confréries, les guildes, autour d’un Saint patron protecteur, surtout dans le Nord.

3- Solidarités jurées.

Ce sont des solidarités plus accomplies et contraignantes, on s’y engage par serment, ce sont des conjurations, où chacun a juré avec les autres. Ces sociétés sont d’abord secrètes (certaines le resteront) et sont un outil politique pour l’émancipation des bourgeois et des villes. Ce n’est pas pratiqué partout avec la même intensité, qui est d’autant plus forte que le seigneur résiste. En cas de résistance du seigneur il y aura insurrection.

b) Face à la richesse
1- La terre.

La terre n’intéresse le bourgeois que de façon relative, elle ne l’intéresse qui si elle permet de bâtir une maison dans un lieu donné (aspect urbain de la terre). Il faut sortir cette terre du cadre foncier général. Le bourgeois est intéressé par la liberté de cette terre.

2- L’impôt.

Le bourgeois considère l’impôt seigneurial comme inutile. La défense de la ville est d’abord assurée par la solidarité. De plus l’impôt est considéré aussi comme une entrave à la circulation donc à l’échange.

B. L’attitude des détenteurs du pouvoir.

a) L’attitude des seigneurs.
1- La bienveillance.

Elle varie entre bienveillance et hostilité. Lorsque le seigneur comprend, il comprend qu’il pourra monnayer l’octroi de ces libertés, sous la forme d’une charte de franchise. Celui qui comprend le mieux, est le seigneur qui crée lui-même une ville.

2- L’hostilité.

Il est hostile car il voit là une réduction de son pouvoir, qu’il n’a pas à accorder. Il y a aussi des seigneuries ecclésiastiques et là les concessions sont considérées comme une atteinte portée au patrimoine de l’église. Il y a ainsi des raisons juridiques pour ne pas accorder ces libertés. Dans le Nord le mouvement urbain prendra une tournure anti nobiliaire comme en Italie du Nord.

b) L’attitude du roi.

Le roi de France est encore relativement faible et son domaine est encore restreint.

1- Dans son domaine.

Dans son domaine, le roi est défavorable au phénomène urbain, ainsi à Paris le roi refuse d’accorder des libertés.

2- Hors de son domaine.

Le roi soutient les bourgeois hors de son domaine, car il estime qu’il exerce ici une suzeraineté qui lui permet d’intervenir et d’encourager les bourgeois à manifester et à protester. Il poursuit ainsi une politique de restauration territoriale, grâce aux bourgeois qui lui seront ainsi reconnaissant, ils mettront leur argent et leur milice à la disposition du roi. C’est là la raison de la restauration royale contre les nobles.

§ 2. La mesure de l’indépendance urbaine.

Elle se traduite par l’octroi d’une charte de franchise (ou statut dans le sud de la France). Il faut distinguer les situations très nombreuses et diverses.

A. La ville dans la seigneurie.

Ici le seigneur est toujours présent, souvent par l’intermédiaire d’un prévôt (ville de prévôté). Mais plus généralement ce sont des villes de franchise (ou de syndicat dans le sud)

a) Les villes sans représentation permanente.

Les bourgeois cherchent un organisme qui puisse les représenter et faire la synthèse de leur solidarité, avec une municipalité, un maire, des échevins. Mais les seigneurs n’accordent pas facilement de tels avantages, ils préfèrent accorder des franchises où ces représentations ne sont pas permanentes, ils préfèrent surtout les villes sans personnalités juridiques.

Lorris en Gâtinais (1155 charte de franchise) est typique, sa charte a beaucoup été recopiée comme modèle.

b) Les villes dotées d’une représentation permanente.

La ville type est Beaumont en Argonne, dans ce cas les bourgeois élisent un maire et des échevins, ainsi qu’un conseil. Ces villes ont la personnalité juridique, mais le prévôt du roi est ici présent, la situation ressemble à Paris.

2 pouvoirs coexistent et peuvent s’affronter.

B. Les villes seigneuries.

Ici la ville est son propre seigneur. Le seigneur a abdiqué ses droits. Il faut distinguer le Nord et le Midi.

a) Les villes de commune (Nord).

La commune est une solidarité jurée une société secrète qui emploie des moyens illégaux et parfois violents pour obtenir la liberté. C’est souvent avec l’appui du roi de France que les seigneurs sont contraints au recul.

Par la suite, les bourgeois organisent la vie de la ville, il n’y a plus besoin de charte de franchise et la ville organise sa justice et ses pouvoirs.

b) Les villes de consulat (Midi).

Ces villes (aussi en Italie du Nord) se sont rendues indépendantes par sortie du système seigneurial (en Italie dans le cadre du Saint Empire, ceci à l’inverse de la France se fait entre les bourgeois et les nobles écartés par le Saint Empire et qui comprennent qu’il est de leur intérêt de favoriser la bourgeoisie locale, en outre la papauté favorise aussi cela – Les gibelins étaient les partisans de l’empereur, ils s’affrontent aux guelfes).

Dans le midi l’émancipation s’est faite par des bourgeois alliés aux nobles, comme à Nice. Les villes se dotent alors de statuts (disposition, politiques, fiscales, judiciaires, de droit privé…), qui sont une codification intégrale des droits. « Consulat » car les bourgeois ont eu le sentiment de renouveler la République romaine (reconstituer les villes romaines qui étaient très émancipées). Ces villes sont donc aux mains de consuls, on y reconstitue un pouvoir municipal.

Emergent imperceptiblement au début du 11ème siècle des volontés de mise en ordre, de réunification, de rassemblement. Ce mouvement concerne certains pouvoirs qui ont conservé la conscience d’une indispensable organisation, stabilisation et politique en faveur du bien commun. Ce sont les notions que Rome connaissaient, qui ont disparue et qu’on a essayé de restaurer à l’époque Carolingienne. C’est donc un nouveau démarrage qui va travailler à mettre en place de nouvelles solutions politiques. En France, 2 pouvoirs participent à cette réorganisation, l’église et le pouvoir royal.